Adults-Only, Paris musées

parenté graphique, l’admiration que vouaient à Richard Lindner, Andy Warhol et Robert Indiana, Roy Lichtenstein et James Rosenquist, Jim Dine et Hans Namuth fut sans conteste incitative de la révolution pop – dont il affirmait être totalement en marge. Nul doute que le narcissisme de Lucas Samaras, les obsessions de Tom Wesselman ou de Nancy Grossman doivent autant à leur aîné qu’aux pellicules-cultes de Loulou (1929) et de L’Ange bleu (1930). A Paris, où il travailla beaucoup durant les dernières années de sa vie, le tropisme graphique comme la palette psychédélique du peintre à la Bentley devaient également susciter l’éveil de Valerio Adami, Eduardo Arroyo, Rancillac ou Peter Klasen.
L’homme, au charme retenu, n’était pas très grand. Les photos le montrent plutôt râblé, le torse mince. Le visage, hanté depuis la sanglante nuit de Cristal par son profil prononcé de Shylock, reste volontairement hermétique. Le crâne rond rappelle la calvitie de Jackson Pollock. Le regard bleu pâle est scrutateur, peut-être méfiant. Les mains préhensiles, déliées chez l’adolescent qui devint quelque temps un brillant pianiste, indiquent à l’évidence chez l’adulte sa passion charnelle. Sensuel sinon voluptueux, juvénile jusque dans sa maturité, Richard Lindner  cultivait une  élégance discrète  mais comme

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souterraine, l’allure bien mise, le col de bonne coupe, complétée des lunettes sombres de l’isolement soulignant l’incognito impavide du voyeur sans bagages. La voix basse résonne avec pudicité mais sans fausse pudeur d’un timbre mâle fortement germanique. L’élocution est fluide et réfléchie, articulée comme une rhapsodie allemande, riche d’un vocabulaire trop limité pour les mille nuances de sa pensée. Dans quelques interviews, il analyse très finement sa condition d’émigré, ses rapports avec son Allemagne natale, ses origines juives, ses attaches parisiennes et la découverte de ce pays neuf qu’est l’Amérique, dénuée des scrupules de la mémoire collective, ouverte à tous les possibles. Il se projette dans le futur, s’avouant né trop tard, déchiré entre deux générations. La modernité extrême le touche au plus profond de sa sensibilité : autant l’Action Painting que les expressionnistes abstraits, le Pop Art ou les happenings d’Alan Kaprow, tandis qu’il se revendique lui-même hard-edge dans le sens premier du terme. Le marquent, dans l’actualité, aussi bien les stigmates de la guerre du Vietnam que la somptueuse crudité de Truman Capote (son roman cosmique De sang-froid), la construction du  mur  de  Berlin  que  l’assassinat  de  John  Kennedy,  les  vitrines     du     grand     magasin     Macy’s     sur      Broadway

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parenté graphique, l’admiration que vouaient à Richard Lindner, Andy Warhol et Robert Indiana, Roy Lichtenstein et James Rosenquist, Jim Dine et Hans Namuth fut sans conteste incitative de la révolution pop – dont il affirmait être totalement en marge. Nul doute que le narcissisme de Lucas Samaras, les obsessions de Tom Wesselman ou de Nancy Grossman doivent autant à leur aîné qu’aux pellicules-cultes de Loulou (1929) et de L’Ange bleu (1930). A Paris, où il travailla beaucoup durant les dernières années de sa vie, le tropisme graphique comme la palette psychédélique du peintre à la Bentley devaient également susciter l’éveil de Valerio Adami, Eduardo Arroyo, Rancillac ou Peter Klasen.
L’homme, au charme retenu, n’était pas très grand. Les photos le montrent plutôt râblé, le torse mince. Le visage, hanté depuis la sanglante nuit de Cristal par son profil prononcé de Shylock, reste volontairement hermétique. Le crâne rond rappelle la calvitie de Jackson Pollock. Le regard bleu pâle est scrutateur, peut-être méfiant. Les mains préhensiles, déliées chez l’adolescent qui devint quelque temps un brillant pianiste, indiquent à l’évidence chez l’adulte sa passion charnelle. Sensuel sinon voluptueux, juvénile jusque dans sa maturité, Richard Lindner  cultivait une  élégance discrète  mais comme

souterraine, l’allure bien mise, le col de bonne coupe, complétée des lunettes sombres de l’isolement soulignant l’incognito impavide du voyeur sans bagages. La voix basse résonne avec pudicité mais sans fausse pudeur d’un timbre mâle fortement germanique. L’élocution est fluide et réfléchie, articulée comme une rhapsodie allemande, riche d’un vocabulaire trop limité pour les mille nuances de sa pensée. Dans quelques interviews, il analyse très finement sa condition d’émigré, ses rapports avec son Allemagne natale, ses origines juives, ses attaches parisiennes et la découverte de ce pays neuf qu’est l’Amérique, dénuée des scrupules de la mémoire collective, ouverte à tous les possibles. Il se projette dans le futur, s’avouant né trop tard, déchiré entre deux générations. La modernité extrême le touche au plus profond de sa sensibilité : autant l’Action Painting que les expressionnistes abstraits, le Pop Art ou les happenings d’Alan Kaprow, tandis qu’il se revendique lui-même hard-edge dans le sens premier du terme. Le marquent, dans l’actualité, aussi bien les stigmates de la guerre du Vietnam que la somptueuse crudité de Truman Capote (son roman cosmique De sang-froid), la construction du  mur  de  Berlin  que  l’assassinat  de  John  Kennedy,  les  vitrines     du     grand     magasin     Macy’s     sur      Broadway

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